Chaque existence humaine est traversée par une somme de crises et de pertes d'objets chèrement investis qui ébranlent profondément le sujet et le sort de sa zone de confort. Une telle perte génère une douleur de séparation que l'individu est appelé à conjurer ou à apprivoiser, peut-être avec la complicité du temps.

Freud qui le premier a réfléchi sur ce processus l'a nommé "travail de deuil". Il s'agit en effet d'un véritable travail, d'ordre psychique, dans la mesure où l'individu en deuil dépense une quantité d'énergie suffisante pour se détacher de l'objet perdu et réorganiser son appareil psychique; un travail qui consiste en une somme de réactions d'ajustements et d'adaptations nécessaires pour continuer à vivre sainement et de façon autonome.

S'inspirant de la théorie de la crise des linguistes, la psychiatre américaine E. Kubler-Ross et son équipe ont élaboré un schéma théorique pouvant rendre compte de ce processus aussi bien au niveau du mourant que de ses proches. Grâce à la technique de la Flèche de Vie, ce cadre théorique sera appliqué à notre propre vie en faisant halte devant nombre de blessures fondamentales d'hier qui continuent à résonner aujourd'hui, c’est-à-dire en tirant une somme d'expériences singulières qui a le mérite de croiser, sur différents chemins de vie des participants, d'autres expériences tout aussi singulières. Ce qui finit par donner lieu à un panel intersubjectif d'enseignements susceptible d'apporter une aide substantielle au professionnel d'accompagnement.